Les Routes juives d’Espagne : l’exemple de Girona

Parmi les routes touristiques qui visent à faire connaître le patrimoine européen, les Routes de Sépharad associent des villes espagnoles qui comportaient des quartiers habités par des juifs jusqu’à leur expulsion en 1492. Leur histoire, occultée pendant près de cinq siècles, fait l’objet d’une atte...

Full description

Bibliographic Details
Main Authors: Joseph Josy Lévy, J.-Ignace Olazabal
Format: Article
Language:fra
Published: Presses de l'Université du Québec 2003-06-01
Series:Téoros
Subjects:
Online Access:http://journals.openedition.org/teoros/1751
Description
Summary:Parmi les routes touristiques qui visent à faire connaître le patrimoine européen, les Routes de Sépharad associent des villes espagnoles qui comportaient des quartiers habités par des juifs jusqu’à leur expulsion en 1492. Leur histoire, occultée pendant près de cinq siècles, fait l’objet d’une attention de la part des différents paliers de gouvernement (municipal, provincial et national) dans leur volonté de retrouver et de valoriser une partie de la mémoire collective. . Après avoir présenté rapidement l’histoire des juifs en Espagne et les caractéristiques des Routes de Sépharad (mot hébreu désignant l’Espagne), nous analyserons comment la réappropriation de ce passé intervient sur la réorganisation des représentations des juifs et leur contribution à l’histoire et au présent dans la ville de Girona, l’une des villes incluses dans les Routes de Sépharad. L’exemple des routes juives d’Espagne montre combien la question du tourisme n’obéit pas seulement à des enjeux liés à la concurrence internationale pour attirer des visiteurs, mais qu’elle met en jeu, sur le plan idéologique, des représentations de la nation, de son histoire et de la place des différents groupes qui ont participé à sa construction culturelle dans le passé. Mais cette réinscription n’obéit pas à une perspective purement objective, affectivement neutre. Au contraire, on constate la coexistence de plusieurs représentations concurrentes, les unes s’ancrant dans les acquis scientifiques, historiques et archéologiques, les autres dans une tentative de ré-enchantement du monde, tentant de donner au monde une signification par la manipulation d’une vision mystique ou fantastique. En ce sens, la réinscription d’un patrimoine historique est révélatrice des tensions idéologiques et des rapports politiques locaux, régionaux et nationaux. En effet, les décisions entourant l’exploitation touristique sont marquées par les valeurs des groupes d’acteurs, que ce soit des individus, des associations ou des institutions gouvernementales et non gouvernementales qui entrent en concurrence pour le contrôle des richesses touristiques et leur mise en valeur, mais aussi pour imposer l’une ou l’autre des visions de l’histoire et de la mémoire collective (Fowler, 1992; Hall, 1994).
ISSN:0712-8657
1923-2705