Summary: | Cette contribution a pour objectif de réaliser une revue de littérature critique des récents ouvrages collectifs portant sur la notion d’expérience touristique (Sharpley et Stone, 2012 ; Filep et Pearce, 2013 ; Prebensen, Chen et Uysal, 2014 ; Decroly, 2015). Organisée autour de quatre questions (qu’est-ce qui n’est pas/ne fait pas expérience dans le tourisme ?, à quoi sert l’expérience touristique ?, qu’est-ce qu’une expérience touristique ratée ? et peut-il exister des formes d’expériences inauthentiques ?), elle tente en particulier de mettre en évidence ce que ces travaux issus de disciplines et de traditions de recherches différentes (sciences de gestion, psychologie, géographie, anthropologie, sciences de l’éducation, etc.) ont en commun. Elle entend également montrer qu’à travers la pluralité des approches émergent des zones de friction et de tension dans la définition de cette notion centrale du tourisme. Elle montre ainsi qu’il existe aujourd’hui trois grandes approches de cette notion : dans un premier sens, l’expérience touristique peut être entendue comme « tout ce qui advient en situation touristique ». Dans une seconde acception, l’expérience touristique peut être conçue comme un processus d’apprentissage du monde autre et de l’altérité. Dans le cadre d’une troisième approche, enfin, fort influencée par les sciences de gestion, elle devient une programmatique de la consommation pour l’action touristique. Cette dernière acception en particulier permet de mettre en évidence le fait qu’ainsi définie l’expérience touristique est peut-être moins l’expérience de l’autre que l’expérience de la consommation de l’autre ou, pour le dire autrement, le fait que l’expérience touristique n’est peut-être finalement qu’une expérience des cadres de la consommation touristique.
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