Summary: | Cet article s’attache à étudier un projet inachevé de l’artiste américain Gordon Matta-Clark, intitulé Reality Properties. Fake Estates (1974). L’œuvre a une visée conceptuelle et porte sur l’usurpation de l’idée de propriété et l’exploration des espaces interstitiels à New York pendant la période néfaste des années 1970. Le concept de disparition occupe une place centrale chez Matta-Clark, car le type de pratique artistique qu’il affectionnait (la sculpture dans l’architecture, ayant comme résultat la dissection des structures architecturales) l’a constamment amené à travailler sur des constructions en ruines, qui ont toutes été démolies, sans exception. Matta-Clark nous confronte aux dilemmes et perplexités de la disparation de l’œuvre, dont il ne subsiste des traces que dans des photographies et des films. Chaque œuvre se projette d’emblée dans l’horizon de sa propre disparition. Reality Properties, tout en étant une œuvre différente des dissections, nous invite à réfléchir à d’autres aspects de la disparition, notamment la disparition prématurée de l’auteur et la prise en charge posthume de l’œuvre par un tiers, et à des notions connexes, comme l’infinitésimal et l’évanescence.
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