Feu le régime d’accumulation tiré par la finance :

La libéralisation financière, tant domestique qu’internationale, a permis la multiplication d’une série d’innovations financières qui ont un temps semblé définir, aux États-Unis comme au Royaume-Uni un régime d’accumulation sans précédent tiré par le crédit au ménages. Or ces innovations peuvent se...

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Bibliographic Details
Main Author: Robert Boyer
Format: Article
Language:English
Published: Association Recherche & Régulation 2009-04-01
Series:Revue de la Régulation
Subjects:
Online Access:http://regulation.revues.org/7367
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spelling doaj-7b13e76f70e84e0fa63f96c2936c742e2021-07-02T21:46:11ZengAssociation Recherche &amp; RégulationRevue de la Régulation1957-77962009-04-015Feu le régime d’accumulation tiré par la finance :Robert BoyerLa libéralisation financière, tant domestique qu’internationale, a permis la multiplication d’une série d’innovations financières qui ont un temps semblé définir, aux États-Unis comme au Royaume-Uni un régime d’accumulation sans précédent tiré par le crédit au ménages. Or ces innovations peuvent se diffuser très rapidement car leur processus de production est immatériel, donc avoir des conséquences majeures sur la stabilité macroéconomique du fait des externalités qui les caractérisent. C’est le processus qui est intervenu pour les produits dérivés du crédit hypothécaire. Ainsi, au-delà d’une typique crise de suraccumulation dans le secteur immobilier, la gravité de la crise américaine, puis sa diffusion internationale, tient au blocage systémique de l’évaluation financière elle-même. C’est la conséquence d’une anti-division du travail au sein de la finance qui n’a cessé d’externaliser et minorer le risque en le dissimulant dans des produits de plus en plus ésotériques. Cette perte du contenu informationnel du prix des produits financiers explique le gel des transactions entre les diverses entités de la finance et par ricochet elle bloque l’accès au crédit des ménages, puis des firmes. S’ouvre donc une grande crise au sens de la théorie de la régulation, à l’issue incertaine. L’un des enjeux n’est autre que l’institution d’un contrôle par la collectivité des innovations financières.<br>Financial liberalization has triggered a series of financial innovations that seemed to define, at least transitorily and for the US and UK, an unprecedented consumer credit-led accumulation regime. But financial innovations diffuse, quite quickly, since they are intangible and have major consequences for macroeconomic stability due to various externalities. Such a process took place for the securitization of mortgage credit. Therefore, the present crisis is not only that of over-accumulation in the real estate sector. Its severity and rapid international diffusion derive from the systemic collapse of financial valuation. It is the direct consequence of the anti-division of labour within the financial sector that has permanently externalized and underestimated the risk by hiding it into more and more complex and esoteric products. This lost informational content of financial pricing leads to the freeze of credit first within financial institutions and then households and ultimately firms. Within the taxonomy of “regulation” theory, this is a structural/major crisis, the overcoming of which is radically uncertain. The social control of financial innovation is one of the issues at stake.http://regulation.revues.org/7367financial innovationsecuritizationHistory of financial crisisderivatives“subprime” crisisanti-division of labour in finance.innovation financièretitrisationhistoire des crisesproduits dérivésanti-division du travail dans la finance.
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