Le dire impossible et le devoir de dire : des gloses pour dire l'indicible
Si la question de la possibilité ou l'impossibilité de dire l'expérience concentrationnaire interroge l'éthique, elle pose, pour ce qui intéresse notre point de vue de linguiste, un problème aigu. Tiraillé entre le "devoir dire" pour reprendre l'expression de Gardin et...
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Format: | Article |
Language: | English |
Published: |
EDP Sciences
2012-07-01
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Series: | SHS Web of Conferences |
Online Access: | http://dx.doi.org/10.1051/shsconf/20120100041 |
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doaj-7c7b55bb57144e0691ac79697135a7ae2021-02-02T03:18:58ZengEDP SciencesSHS Web of Conferences2261-24242012-07-01158359710.1051/shsconf/20120100041Le dire impossible et le devoir de dire : des gloses pour dire l'indicibleLefort PascalineSi la question de la possibilité ou l'impossibilité de dire l'expérience concentrationnaire interroge l'éthique, elle pose, pour ce qui intéresse notre point de vue de linguiste, un problème aigu. Tiraillé entre le "devoir dire" pour reprendre l'expression de Gardin et le "pouvoir dire", l'ancien déporté se heurte à l'hétérogénéité du sens, à ces mots qui ne vont pas de soi, pour reprendre Authier-Revuz, à ces mots qui sont déjà habités. Aussi, comment le langage parvient-il à dire et à dévoiler cette expérience traumatisante et destructrice qu'est l'expérience concentrationnaire ? Comment dire ce qui, a priori, est indicible? Des recherches sur les différents modes de transmission de ce vécu ont montré que la nomination multiple était un procédé récurrent au sein des témoignages étudiés. Ce foisonnement de gloses et d'autoreformulations contribue d'ailleurs, selon nous, à construire une écriture de l'indicible, une écriture de la mémoire. Cet article, qui s'inscrit dans le cadre de l'analyse du discours et de la pragmatique, s'interrogera sur la présence et le rôle de ce métalangage. Nous verrons notamment que les nominations multiples ou la "non-coïncidence" dans le dire pour reprendre Authier-Revuz(1993) reflètent la difficulté des anciens déportés à dire le vécu concentrationnaire, qu'elles sont le signe d'une non-coïncidence entre le sujet, la langue et le réel. http://dx.doi.org/10.1051/shsconf/20120100041 |
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Si la question de la possibilité ou l'impossibilité de dire l'expérience concentrationnaire interroge l'éthique, elle pose, pour ce qui intéresse notre point de vue de linguiste, un problème aigu. Tiraillé entre le "devoir dire" pour reprendre l'expression de Gardin et le "pouvoir dire", l'ancien déporté se heurte à l'hétérogénéité du sens, à ces mots qui ne vont pas de soi, pour reprendre Authier-Revuz, à ces mots qui sont déjà habités. Aussi, comment le langage parvient-il à dire et à dévoiler cette expérience traumatisante et destructrice qu'est l'expérience concentrationnaire ? Comment dire ce qui, a priori, est indicible? Des recherches sur les différents modes de transmission de ce vécu ont montré que la nomination multiple était un procédé récurrent au sein des témoignages étudiés. Ce foisonnement de gloses et d'autoreformulations contribue d'ailleurs, selon nous, à construire une écriture de l'indicible, une écriture de la mémoire. Cet article, qui s'inscrit dans le cadre de l'analyse du discours et de la pragmatique, s'interrogera sur la présence et le rôle de ce métalangage. Nous verrons notamment que les nominations multiples ou la "non-coïncidence" dans le dire pour reprendre Authier-Revuz(1993) reflètent la difficulté des anciens déportés à dire le vécu concentrationnaire, qu'elles sont le signe d'une non-coïncidence entre le sujet, la langue et le réel. |
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