Les productions lithiques de l’Archipel indonésien

Proposer une synthèse sur la préhistoire d’un archipel et de ses assemblages lithiques n’est pas chose facile, d’une part à cause de l’immensité de l’espace concerné mesurant 2 millions de km2, d’autre part du fait que la notion de Paléolithique y est difficilement applicable et notamment celles de...

Full description

Bibliographic Details
Main Authors: Hubert Forestier, Michel Grenet, Antony Borel, Vincenzo Celiberti
Format: Article
Language:English
Published: University of Edinburgh 2017-09-01
Series:Journal of Lithic Studies
Subjects:
Online Access:http://journals.ed.ac.uk/lithicstudies/article/view/2544
Description
Summary:Proposer une synthèse sur la préhistoire d’un archipel et de ses assemblages lithiques n’est pas chose facile, d’une part à cause de l’immensité de l’espace concerné mesurant 2 millions de km2, d’autre part du fait que la notion de Paléolithique y est difficilement applicable et notamment celles de « Paléolithique supérieur » ou d’Epipaléolithique-Mésolithique établies en Eurasie occidentale. L’Indonésie et ses myriades d’îles et îlots (environ 18000) s’inscrivent dans un rectangle 5000 km sur 2000 km de part et d’autre de l’équateur ce qui en fait le plus grand archipel du monde. Cette aire géographique immense s’étirant sur un espace maritime d’environ 6 millions de km2, ne nous permet pas aujourd’hui de traiter exhaustivement l’ensemble des groupes industriels, des faciès ou des cultures préhistoriques, c’est pour cela que nous aborderons les principaux. L’Indonésie occupe une place privilégiée pour l’histoire des hommes fossiles qui la rend incontournable dans les connaissances de la variabilité des comportements des hominidés en contexte intertropical. Cette contribution a pour objectif de dresser un bilan critique et objectif des différentes méthodes de taille rencontrées depuis 1 million d’années sur les principales îles à partir d’une sélection de sites dont la stratigraphie est bien établie et bien datée. Rares sont les technocomplexes bien définis avant l’Holocène, période où l’insularité de cette aire géographique s’est fixée avec la remontée marine marquant progressivement le début de l’histoire des archipels insulindiens. Parmi ceux-ci nous citerons le « Toalien » à Sulawesi (faciès à pointes), le « Sampungien » (faciès à pointes) et les industries sur éclats de Song Keplek ou « Keplekien » (débitage orthogonal) dans l’Est de l’île de Java. Hormis ces trois traditions techniques qui restent individualisables sur un plan typo-technologique, il n’y a pas dans l’ensemble du matériel rencontré, de faciès différentiables associés à une dénomination d’outils spécifiques. En règle générale, les industries lithiques du Pléistocène supérieur et de l’Holocène indonésien répondent à une production basique d’éclats et d’outils sur éclats avec de multiples variantes régionales. Le mode de débitage est très largement à la pierre dure, non Levallois, rarement Discoïde, non lamino-lamellaire tel qu’on peut le rencontrer en Europe de l’Ouest ou au Proche et Moyen-Orient. Contrairement à l’Asie du Sud-Est continentale où il est encore plus difficile de discerner un Paléolithique ancien, moyen et récent du fait de la continuité d’industries toutes réalisées sur galet (Hoabinhien et autres), l’Indonésie qui devient insulaire à la marge du Pléistocène et de l’Holocène propose une hétérogénéité des assemblages lithiques sans précédent. C’est-à-dire une diversité dans les modalités de production lithique selon différentes chaînes opératoires de façonnage (galet, pointe de type de Sampung, biface...) ou de débitage (discoïde, orthogonal et laminaire). Le but de cet article est donc de présenter de façon synthétique les principaux ensembles lithiques de l’Archipel indonésien à partir d’une sélection d’îles sur lesquelles des assemblages lithiques ont pu être correctement documentés. Nous nous intéresserons ainsi aux îles de Sumatra, de Java, de Kalimantan (Bornéo), de Sulawesi, et à quelques autres plus orientales qui, comme Timor et Flores, ont, ces dernières années, livré des découvertes de premier plan en paléoanthropologie et en préhistoire. Par commodité, nous avons été obligés de procéder à des coupures régionales et chronologiques (Pléistocène ancien-moyen et Pléistocène supérieur final-Holocène ancien) qui permettent d’exposer au mieux cette synthèse sur des assemblages lithiques qui n’ont pas tous fait l’objet d’études technologiques approfondies au sens où nous pouvons l’entendre en Europe avec l’utilisation du concept de chaîne opératoire.
ISSN:2055-0472