Evolution du comportement de manipulation chez les strepsirrhiniens

Les capacités de préhension des catarrhiniens ont été largement étudiées dans le cadre de problématiques cognitives, fonctionnelles et évolutives. Une importante variabilité dans les types de saisies utilisés, incluant des stratégies longtemps décrites comme spécifiques des humains, a ainsi été mise...

Full description

Bibliographic Details
Main Authors: Louise Peckre, Anne‑Claire Fabre, Anthony Herrel, Christine Wall, Emmanuelle Pouydebat
Format: Article
Language:English
Published: Société Francophone de Primatologie 2016-01-01
Series:Revue de Primatologie
Subjects:
Online Access:http://journals.openedition.org/primatologie/2446
Description
Summary:Les capacités de préhension des catarrhiniens ont été largement étudiées dans le cadre de problématiques cognitives, fonctionnelles et évolutives. Une importante variabilité dans les types de saisies utilisés, incluant des stratégies longtemps décrites comme spécifiques des humains, a ainsi été mise en évidence. Cependant, bien que la préhension soit impliquée dans de nombreuses activités chez tous les primates, elle reste peu étudiée chez les platyrrhiniens et les strepsirrhiniens. Ces derniers constituent un groupe monophylétique à la base de l’arbre des primates, incluant environ 60 espèces présentant des caractéristiques morphologiques, sociales et écologiques différentes. Les strepsirrhiniens représentent donc un excellent modèle pour mieux comprendre les facteurs sociaux et écologiques conduisant à l’évolution des capacités de préhension. Cette étude vise à déterminer de manière quantitative les différentes stratégies comportementales adoptées par les strepsirrhiniens lors de la saisie de divers items alimentaires immobiles. A travers une approche comparative portant sur plus de 15 espèces, cette étude a également pour but de mieux comprendre les liens existants entre les facteurs écologiques et sociaux et la saisie manuelle. Les observations sont issues de l’analyse de vidéos réalisées au Duke University Lemur Center, chaque individu ayant été filmé dans son environnement habituel lors de ses repas sur une durée moyenne de 1,0 ± 0,1 heure permettant d’observer en moyenne 62 ± 5 saisies par individu. Cette étude montre que les saisies uni-manuelles, bien que stéréotypées, sont largement utilisées pour saisir des items alimentaires immobiles. Un effet important de la taille et de la consistance des items sur le choix du type de saisie est également mis en évidence. En effet, si une préférence significative pour les saisies avec la bouche est observée pour tous les autres items, les items grands et durs favorisent l’utilisation de la main. D’autre part, alors que le régime alimentaire et le type de locomotion ne semblent pas influencer significativement le type de saisie, cette propension à utiliser la main pour saisir des items grands et durs semble liée au degré d’arboricolisme et au type de transport des jeunes. Toutefois, les effets de lignée et les effets des facteurs écologiques et sociaux demeurent pour l’instant indissociables. L’augmentation prochaine de la taille de l’échantillon devrait permettre le renforcement des données et une meilleure différenciation des effets de lignées et des facteurs écologiques et sociaux conduisant à une augmentation de l’utilisation de la main pour saisir les objets grands et durs.Je remercie vivement le personnel du Duke Lemur Center et particulièrement David Brewer, Erin Ehmke et Kay Wesler pour leur assistance lors de la collecte des données.
ISSN:2077-3757