L’industrie de croisière dans la Caraïbe : facteur de développement ou pâle reflet de la mondialisation?

 La spécialisation touristique se présente comme un déterminant majeur de la croissance dans les petites économies insulaires, notamment de la Caraïbe. le tourisme de croisière connaît un boom  sans précédent dans cette région qui concentre de surcroît près de la moitié des flux mondiaux de croisiér...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Kinvi Logossah
Format: Article
Language:fra
Published: Presses de l'Université du Québec 2007-03-01
Series:Téoros
Subjects:
Online Access:http://journals.openedition.org/teoros/1594
Description
Summary: La spécialisation touristique se présente comme un déterminant majeur de la croissance dans les petites économies insulaires, notamment de la Caraïbe. le tourisme de croisière connaît un boom  sans précédent dans cette région qui concentre de surcroît près de la moitié des flux mondiaux de croisiéristes et les autorités régionales l’entrevoient comme un facteur de développement durable potentiel dans la Caraïbe. Néanmoins, la nature particulière de cette industrie amène à s’interroger sur la pertinence d’une telle stratégie : d’une part les acteurs de l’offre, les compagnies de croisière, sont complètement « hors » de la région; d’autre part, autant les canaux d’intégration de l’activité de croisière à l’économie de la région que les ressources financières injectées dans l’économie caribéenne sont ténus alors que d’importantes externalités négatives dues à l’industrie pourraient se retrouver à la charge de la région. D’où la question des enjeux de l’activité de croisière dans la Caraïbe : outil de développement fondé sur une stratégie des agents économiques caribéens ou pâle reflet de la mondialisation galopante ? Cette interrogation est au cœur de la réflexion menée dans le présent article, qui tente de cerner les enjeux économiques du tourisme de croisière dans la Caraïbe. Pour cela sont analysés la contribution de l’activité de croisière à l’économie caribéenne, le rôle et les stratégies des acteurs, ainsi que la durabilité de cette activité. Bien que les autorités touristiques caribéennes, réunies au sein de la Caribbean Tourism Organization, envisagent le tourisme de croisière comme un axe stratégique de développement durable potentiel de leur région, l’étude proposée ici incite à la prudence. D’abord et principalement parce que la région ne joue qu’un rôle marginal dans la stratégie d’offre de l’industrie : ce sont les compagnies de croisière qui seules conçoivent les stratégies d’innovation, de différenciation, de marketing des produits qui orientent la demande ainsi que le marché ; ensuite, parce que les compagnies de croisière sont détenues quasi exclusivement par des capitaux extra-caribéens. Enfin, parce que les paquebots battant pavillon de complaisance panaméen et libérien, pour la plupart, puis accessoirement bahaméen ou bermudien, échappent aux législations nationales caribéennes en matière d’environnement, de travail, de fiscalité, etc. Il en résulte pour les économies caribéennes un impact ténu : - sur le plan économique, bien que les compagnies réalisent d’importants profits, ceux-ci rémunèrent quasi exclusivement des capitaux extra-caribéens; - sur le plan social, les retombées régionales de l’activité de croisière en termes d’emplois sont insignifiantes au regard des revenus que génère la croisière; - sur le plan environnemental, d’importantes externalités négatives sont causées par l’industrie de croisière, lesquelles risquent de se retrouver à la charge des territoires.
ISSN:0712-8657
1923-2705