Linguaggio e traduzione Una riflessione a partire da Ricoeur

Comme on le sait, pour Ricoeur la coscience est une coscience incarnée. Le langage, au même titre que notre propre corps, est le signe de notre finitude. Dans son essai La question du sujet et le défi de la sémiologie (in Le conflit des interprétations, 1969), la phénoménologie est réinterprétée co...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Domenico Jervolino
Format: Article
Language:English
Published: Università di Roma Tor Vergata 2007-11-01
Series:Testo & Senso
Online Access:https://testoesenso.it/index.php/testoesenso/article/view/157
Description
Summary:Comme on le sait, pour Ricoeur la coscience est une coscience incarnée. Le langage, au même titre que notre propre corps, est le signe de notre finitude. Dans son essai La question du sujet et le défi de la sémiologie (in Le conflit des interprétations, 1969), la phénoménologie est réinterprétée come une théorie du langage, dont les trois thèses fondamentales sont : 1) la signification est la catégorie la plus englobante de la description phénoménologique; 2) le sujet est le porteur de la signification; 3) la réduction est l’acte philosophique qui rend possible la naissance d’un être pour la signification. En s’ouvrant au monde, le sujet s’ouvre aussi aux autres parlants et dans la relation intersubjective revient à soimême, à partir de son autre. Cette relecture en sens linguistique de la phénoménologie, déjà réalisée dans la première herméneutique ricoeurienne des années soixante, trouve de nouvelles forces tout au long de cette traversée du langage qui caractérise l’itinéraire du philosophe. Or ce chemin est scandé par trois paradigmes: le symbole, le texte, la traduction. La traduction, justement, paraît constituer le paradigme linguistique, mais aussi le paradigme éthicopolitique du dernier Ricoeur. C’est là que se relient les thèmes de l’identité et de la mémoire, de la relation à l’autre, de l’historicité de la condition humaine. C’est dans la traduction que le langage devient concret, parce que la faculté du langage nous caractérise comme humains, mais elle ne s’exerce que dans le particulier d’une langue historiquement déterminée. La philosophie du langage devient une philosophie des langues. C’est donc dans les langues et dans leur reconnaissance et traduction réciproques éthiquement nécessaire, même si c’est théoriquement difficile, ou carrément impossible si par traduction on entendait coïncidence, identité parfaite – que vit l’humanité une et plurielle, qui nous appartient depuis toujours en tant que humanum genus mais que notre monde globalisé rend aujourd’hui extraordinairement évident et pressant, dense de risques et de dangers, mais aussi riche d’extraordinaires opportunités. Dans le travail de la traduction, mesure de la notre finitude mais aussi de notre engagement responsable dans le monde et notre histoire, pratique traduisante qui comporte un travail de mémoire et un travail de deuil, se réalise la rencontre entre les personnes, les cultures, les civilisations, les religions, les convictions, se réalise la reconnaissance réciproque qui est en même temps fruit du don gratuitement reçu en naissant, don de l’existence, don de l’être au monde, don de la langue et des langues dans lesquelles ce monde nous est donné, et motif de la dette que nous avons envers un autre être humain de l’accueillir comme hôte, comme nous avons été accueillis et sommes encore accueillis, dans la trame des relations dans lesquelles nous vivons nos vies. Hospitalité qui est faite de proximité et de distance; de distance qui permet la proximité et lui empêche de tomber dans l’indistinct de la fusion affective et dans le mélange des identités, parce que dans la relation avec l’autre et dans le respect de l’autre, nous conquérons et nous sommes toujours appelés à reconquérir notre être, nous mêmes dans la communauté des humains. Claude Cazalé Bérard
ISSN:2036-2293