Voies de recherche en Sciences de l'Information et de la Communication : Le rôle des artefacts et des organisations sociales dans la communication des connaissances

Le champ dans lequel se situe cette HDR est celui de la médiation des savoirs. <br> Ce qui nous intéresse plus particulièrement dans cette médiation, ce sont :<br> - Le rôle que jouent les Technologies de l'Information et de la communication ;<br> - Le rôle que joue l'org...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Agostinelli, Serge
Language:FRE
Published: Université Rennes 2 2001
Subjects:
Online Access:http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00487457
http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/48/74/57/PDF/Agostinelli_HDR.pdf
Description
Summary:Le champ dans lequel se situe cette HDR est celui de la médiation des savoirs. <br> Ce qui nous intéresse plus particulièrement dans cette médiation, ce sont :<br> - Le rôle que jouent les Technologies de l'Information et de la communication ;<br> - Le rôle que joue l'organisation que se donnent les individus en situation<br> - Le rôle que jouent les relations qui se construisent entre les individus, les outils et les savoirs. Ces trois points pouvant se regrouper sous l'appellation d'artefact <br><br> Bien que je ne souhaite pas développer une approche communicationnelle de la complexité, j'essaie d'envisager la communication comme un processus plus large que les champs disciplinaires qui la questionnent pour avoir une vision plus large, plus anthropologique dans laquelle la communication est considérée comme une construction humaine, comme un outil de la culture commune mais utiliser avec des règles établies dans un contrat situé. A travers cette approche je souhaite clarifier le rôle de la contextualisation de la communication sur la médiation des savoirs. C'est-à-dire que je souhaite questionner la nature intentionnelle, communicationnelle, éducative des outils à travers les modes d'utilisation au sein d'une communication socialement élaborée et collectivement validée. Ce questionnement devrait permettre de dépasser les approches disciplinaires qui envisagent les TIC comme des ressources pour l'action. Elle devrait permettre également d'envisager les Tic et leurs usages comme un système qui met en relation un utilisateur, un outil, une connaissance, une situation et un contexte. Nous pourrions appeler ce système relationnel : « système artefactuel ». <br><br> Le système artefactuel serait donc un système relationnel et le terme d'artefact ne désignerait plus l'objet ou l'outil, mais le système représentatif, un système de pensée, qui se construit dans la relation. En SIC, nous pourrions envisager un artefact communicationnel comme un système de pensée qui autorise la compréhension d‘une situation de communication dans un contexte qui donne une intentionnalité communicative aux outils. <br><br> Le programme de recherche qui pourrait se construire à partir de ce positionnement s'articulerait autour de deux axes : l'un théorique et l'autre pratique. <br><br> Les questions théoriques que nous souhaitons éclaircir sont significatives d'une phase intermédiaire dans la construction de notre champ de recherche en SIC. Cette phase est nécessairement ouverte à plusieurs possibles, c'est-à-dire à un questionnement communicationnel aux frontières des différentes disciplines sollicitées. Plusieurs pistes seront donc revisitées : - Nous pensons particulièrement aux situations de communication instrumentée ; aux phénomènes de régulation intra et interindividuel ; au contrat communicationnel qui s'établit dans les espaces communs de communication... - La question de l'identification des processus interindividuels ou collectifs d'appropriation des instruments de communication qui renvoie aux pratiques induites par l'usage des TIC ou aux modes de contractualisation qui se construisent entre acteurs individuels ou collectifs et dans le cadre de la communication des connaissances. - La question des situations de communication sous-tendues par une intention communicationnelle, éducative, sociale qui renvoie aux rapports qu'entretiennent la communication et le champ d'investigation. <br><br> Sur le terrain des TIC, trois questions que nous avons déjà étudiées avec des approches disciplinaires retiennent notre attention. La question des interfaces. Traditionnellement traitée par la psychologie cognitive et l'informatique relève pourtant aujourd'hui d'un dialogue « homme-machine-homme », c'est-à-dire d'un problème de prélèvement et de traitement d'information mais surtout d'une mise en relation instrumentée, médiatisée par un média informatique. La question des connaissances. Traditionnellement traités par la psychologie cognitive et les sciences de l'éducation lorsqu'elles isolent le sujet de la situation de communication dans laquelle se déroule l'apprentissage et du contexte situé des usages des TIC. <br><br> Que cela soit sur les questions théoriques ou de terrain, j'ai déjà des résultats de recherche que j'ai exposés dans plusieurs articles et communication depuis 1994. Pour exemple :<br> - La recherche que nous menons actuellement (avec l'INRP et des profs de collège) sur l'usage des Tic dans l'enseignement des mathématiques aux collèges, montre que ce sont les contraintes à la fois didactique et communicationnelle imposées par le dispositif qui favorisent la modification des gestes professionnels de l'enseignant et particulièrement sa communication orale qu'il appelle « son cours ».<br> - Dans l'ouvrage « Comment penser la communication des connaissances » (1999) j'ai discuté comment un contrat de communication implicite permet de structurer l'activité exploratoire d'élève qui travaille en réseau.<br> - Dans l'ouvrage « Rencontre avec Watzlawick » (1998) j'ai proposé une approche du multimédia comme système de communication.<br> - Dans ma thèse (1994) j'ai montré comment les stratégies d'exploration adoptées par les sujets sont influencées par le mode de présentation des informations et le type de communication utilisateur-ordinateur. <br><br> Bien que ces résultats soient intéressants, ils n'en demeurent pas moins, très réducteurs car dans chacune de ces recherches je ne me suis pas intéressé à l'environnement pris dans sa totalité, mais à ce qui dans cet environnement était pertinent au regard des disciplines mises en jeu. Aujourd'hui, à ces recherches, je souhaite introduire une dimension locale et contextuelle car la communication des savoirs via les TIC ne peut pas être pensée indépendamment des interactions humaines organisées par un contrat de communication qui s'énonce moins comme une suite de règles faisant loi que comme une série d'énonciations a priori, impliquant des possibles autant que des impossibles, des incertitudes et des confusions autant que de certitudes et d'axiomatisations dans un contexte révélateur d'un « provisoire décrit ». <br><br> Dès lors, les artefacts révélés de fait par leur existence empirique comme un système de pensée qui amplifie les processus communicationnels de la médiation des savoirs deviennent étudiables comme une instance concrète des Technologies de l'Information et de la Communication observable dans la dynamique des usages comme l'apparente maîtrise par et sur l'individu utilisateur. <br><br> Après avoir largement utilisé la méthode expérimentale pour les résultats dont je viens de parler, il est devenu clair pour moi que la posture vers laquelle j'allais ne pouvait plus uniquement utiliser cette méthode. Ma posture ayant évolué d'une étude de « Qu'est-ce que permettent de faire les TIC ? » à « Que fait-on avec les TIC ? » Et particulièrement en m'intéressant aux interactions collectives qui construisent un savoir partagé dans un espace commun de communication, il me semble intéressant pour moi d'utiliser une approche ethnologique qui semble autoriser plus facilement une étude des modes de contextualisation et contractualisation de la communication. Nous sommes passés d'une approche qui envisage les NTIC comme des outils pour agir et particulièrement pour « transmettre des savoirs » à une approche plus anthropologique qui autorise l'étude d'artefact communicationnel à travers une autre réalité qui relève de la « médiation des savoirs ».