Summary: | La problématique de l'individu africain s'impose de plus en plus comme sujet d'une grande pertinence dans la recherche en sciences sociales. Cette thèse a pour objectif de dépasser les idées reçues sur les sociétés africaines, ainsi que les clivages individu-société, Afrique-Occident, tradition-modernité et ce, afin d'examiner les vraies modalités de l'émergence de l'individualisme au Sénégal, en milieu urbain. Elle s'appuie sur une recherche qualitative, reposant sur un travail de terrain dans la communauté urbaine de Dakar, qui a permis de recueillir vingt quatre récits de vie de jeunes hommes et de jeunes femmes âgés de vingt quatre à trente cinq ans. L'analyse de contenu de ces récits a permis de montrer que le processus d'individualisation implique certes une remise en question des appartenances figées édictées par la société, mais ne signifie pas pour autant dissolution des cadres sociaux. Le processus d'individualisation, tel que vécu aujourd'hui à Dakar, se réalise non pas dans le cadre de la rupture ou du dénie, mais à l'intérieur d'un ±jeu relationnel¿ constant entre la personne, sa famille et son entourage. Il se concrétise dans des stratégies dénotant une certaine habilité à surmonter les contraintes sociales et à gagner une certaine maîtrise de sa vie. Cet individu en quête d'une identité choisie et positive, se déplace entre respect des valeurs familiales et sociales, et épanouissement personnel. Il se conjugue toujours à l'intérieur d'un espace de relations entre un ± nous ¿, indispensable à son existence, puisqu'il apporte soutien matériel et reconnaissance social, et un ±je¿ qui gagne de plus en plus de terrain. Le processus d'individualisation en cours au Sénégal ne signifie donc pas opposition entre individu et société, il est plutôt porteur de renouvellement positif du lien social, dans une société tournée vers sa propre modernité.
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