Summary: | Cette thèse vise à mettre en lumière, dans les Essais de Montaigne, un aspect peu connu du débat sur la constance à la fin du 16ème s. Alors que la vertu de constance devient un enjeu philosophique et moral d’importance, servant à la fois des idéaux stoïciens, chrétiens et civils, nous constatons une insistance des Essais à souligner le phénomène contraire, l’inconstance. Il s’agit dans un premier temps de montrer le dialogue que construit Montaigne face à la vertu de constance, puis d’établir le statut argumentatif de l’inconstance dans les Essais. Dans le but de situer le débat constance - inconstance, nous nous rapportons d’abord aux écoles de philosophies hellénistiques que pillent les Essais. Le scepticisme de Montaigne s’en trouve déstabilisé, le stoïcisme à la fois débattu et repoussé, l’épicurisme instrumentalisé. L’inconstance prend un visage universel qui rend présomptueuse et même dangereuse toute aspiration à la constance. Nous montrons ensuite la prise en charge méthodologique de l’inconstance dans les Essais, à travers le Distingo. Nous constatons alors que l’inconstance a le statut d’une condition pré éthique poussant les Essais à déconsidérer toute entreprise humaine dans la sphère publique. Mais les Essais n’encouragent pas simplement à se laisser porter par la fortune ou la coutume. Dans la sphère privée, Ils construisent plusieurs règles éthiques hétérodoxes : non repentir, diversion, vanité, expérience…qui reposent sur le possible (selon qu’on peut) et contribuent à redéfinir la grandeur d’âme, en présentant un nouvel ordre ou une nouvelle conformité de l’action, ce que nous appellerons « l’éthique de l’inconstance » ou « éthique de l’indirection » . === This thesis aims to emphasize in Montaigne’s Essays a little known aspect concerning the debate of constancy towards the end of the 16th. c. While the virtue of constancy becomes a philosophical issue of importance, favouring at the same time the stoic, Christian and civil ideals, we observe in Montaigne’s Essays, an insistence to underline a contradictory phenomenon; inconstancy. First, it is essential to demonstrate the dialogue that builds Montaigne’s work concerning the virtue of constancy, to finally establish the proper argumentation on inconstancy. With the intent to situate this debate concerning the virtue of constancy, we will refer primarily to the Hellenistic philosophies plundered by the Essays. We will present in the first part the origin and in the second part, the transfer of the debate. Montaigne’s scepticism happens to be destabilized, his stoicism is at the same time debated and rejected, his Epicureanism becoming a tool determining their truth. The second section of the thesis demonstrates that methodology of the Essays takes over the notion of inconstancy, notably through the “Distingo”, and its effects on the historical knowledge relating to prudential activities. We claim that the nature of the essay is to correct this error and thus give the right place to human inconstancy. We acknowledge the fact that inconstancy has a status of a pre-ethic condition which pushes the Essays to disrepute any human enterprise in the public sphere. However, this denial cast upon the public sphere does not lead us to reject any kind of ethical reflection. In the private sphere, the Essays construct ethical regulations: non repentance, diversion, vanity, experience...These aspects are all grounded in the ethical mode of the possible, (« Selon qu’on peut ») and at the same time contribute in redefining the magnitude of the soul by presenting a new order or a new conformity of action. We name the project ethic of inconstancy or ethic of indirection
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