Summary: | Cette thèse a pour origine le constat de l’implication forte d’une fraction de la société civile irlandaise, de l’homme de la rue, d’associations politiques militantes, de syndicats mais aussi de l’appareil diplomatique, dans le rapport de force en Palestine, depuis la Guerre des Six jours de 1967, qui soulève l’indignation populaire. Le paroxysme de ce phénomène prend place en Irlande du Nord, où Unionistes et Nationalistes brandissent les drapeaux israéliens et palestiniens, pour témoigner de leur attachement à l’un ou l’autre des acteurs du conflit au Moyen-Orient. Il s’agit ici d’explorer les origines et l’évolution de cette mobilisation, en définissant le contour d’une perspective irlandaise protéiforme sur le conflit israélo-palestinien, qui s’appuie sur un faisceau multiple de lectures domestiques des événements au Moyen-Orient, fondées sur autant d’appréhensions de l’histoire irlandaise. Celles-ci s’épanouissent dans un entremêlement de narrations contradictoires du conflit israélo- palestinien, qui animent le discours politique irlandais autour du débat sur l’identité postcoloniale de l’Irlande. Cet exposé propose une analyse des manifestations de solidarité transnationale avec Israël et la Palestine, que ce soit à l’échelle nationale et supranationale, des partis politiques, ou des syndicats et des associations civiles. Il s’attache à mettre en lumière les facteurs, à la fois historiques, et par là-même ancrés dans l’identité de l’Etat irlandais et de l’Irlande du Nord, mais aussi stratégiques, diplomatiques et religieux, qui participent à une domestication irlandaise du conflit au Moyen-Orient. La récupération politique de ce conflit dans la propagande du militantisme républicain irlandais au début des années 1970, mais aussi dans les discours politiques et au sein de la société civile, ainsi que la réaction pro-israélienne plus récente, qui échappent encore à un apport théorique, constituent le cœur de ce travail de recherche. === The starting-point of the writing of this thesis is the observation of the strong commitment of a layer of Irish civil society – from the man on the street to political parties, associations and trade unions – to the defence of one antagonist or the other in the Israeli-Palestinian conflict, ever since the Six Day War in 1967, which aroused international indignation. This phenomenon is particularly striking in Northern Ireland, where Israeli and Palestinian flags have been flown by Unionists and Nationalists as signs of solidarity and identification. The purpose of this research is to look into the origins and the evolutions of such expressions of transnational solidarity, by defining the multifaceted Irish approach to the Middle-East question. This approach is based on a prism of domestic readings of the conflict, originating from different conceptions of Irish history. Indeed, the intermingling of the sometimes contradictory readings of the Israeli-Palestinian conflict feeds into the Irish political debate, revolving around the supposedly postcolonial identity of Ireland. This thesis develops an analysis of the transnational solidarity in Ireland with Israel and Palestine, be it at a national or supranational level, from political parties, trade unions and civil associations. It endeavours to cast light on the factors which structure the Irish domestication of the conflict in the Middle East, be they historical and connected to the very identity of the Irish Republic and Northern Ireland, or strategic, diplomatic and religious. The political exploitation of the conflict in Irish republican propaganda from the beginning of the 1970s, bolstered by connections with Palestinian resistance movements, and the more recent pro-Israeli response particularly within Unionism, which have never been analysed together in a comparative way, are at the core of this research.
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