Summary: | De la Révolution française à la veille de la Première Guerre mondiale, un dispositif d'assistance à la vieillesse se développe, proposant aux vieux Parisiens de vivre en institution. Le choix du terrain parisien et de sa cinquantaine d'établissements permet, en amont des grandes lois républicaines structurant les schémas assistanciels et assurantiels, de revenir sur les premières générations d'assistés au nom de l'âge et du manque de ressources. Cette thèse interroge la construction d'une catégorie d'administration, la formation d'une population majoritairement âgée de plus de 60 ans et issue des classes populaires, et la genèse d'une catégorie d'expérience de la vieillesse. La formalisation d'une réponse spécifique aux misères liées à l'âge et la progressive distance revendiquée avec les institutions d'enfermement permet d'envisager le dispositif parisien d'assistance à la vieillesse comme une forme de reconnaissance et comme une tentative d'intégration économique, sociale et politique des plus fragiles. L'intégration des vieillards aux dispositifs d'assistance se fait toutefois par le bas, en privant les assistés d'un certain nombre de droits, et en reproduisant les hiérarchies sociales à l'œuvre dans le reste de la société. Aux origines de la mise en pratique d'une sécurité sociale pour les personnes âgées, le développement des hospices et des maisons de retraite au XIXe siècle participe à l'institutionnalisation de cet âge de la vie et à la construction d'un nouveau lien entre la société française et ses vieux, un lien ambivalent nourri de bienveillance et de rejet, de prévenance et de dévalorisation, de protection et de surveillance. === From the French Revolution to World War I, an assistance program developed that offered elderly Parisians the possibility of living in an institutional home. The Parisian territory and its fifty old age institutions allows us, in as much as the great republican laws shaped both the assistance and insurance systems, to study the first generation of recipients assisted in the name of old age and a lack of resources. This thesis examines the construction of an administrative category, the formation of a population mostly over the age of 60 and of popular class origins, and the birth of a category of old age experiences. The formalization of a specific response to age-related miseries and the progressive movement away from detention institutions allow us to consider the Parisian disposition toward old age assistance as a form of recognition and as an attempt at economically, socially and politically integrate the most vulnerable members of the society. Yet, this integration of the elderly works from below, depriving the assistance recipients of a number of rights, and reproducing social hierarchies at work in the rest of the society. At the origins of implementing this social security for the elderly, the development of hospices and retirement homes in the nineteenth century takes part in the institutionalization of this life stage and in the construction of a new relationship between the French society and its elderly people, an ambivalent relationship based on benevolence and rejection, considerateness and deprecation, protection and surveillance.
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