Summary: | Ce travail de recherche a pour but de retracer l’évolution de la représentation cinématographique de la population d’origine maghrébine en France et de mettre en perspective l’analyse des procédés esthétiques et cinématographiques dans l’œuvre d’Abdellatif Kechiche.Les trois étapes constituant ce travail restituent les tournants majeurs qui jalonnent cette histoire, partant de l’émergence du « travailleur immigré » comme figure cinématographique, en passant par la prise en charge des jeunes Franco-Maghrébins, enfants des premiers immigrés, de leur propre image à l’écran, et aboutissant au cinéma d’Abdellatif Kechiche comme syncrétisme de ce mouvement.Une analyse esthétique d’un corpus de films choisis permet d’appréhender la spécificité de ce mouvement qui débute dans les années soixante-dix et s’affirme au milieu des années quatre-vingt avec la sortie du film Le Thé au harem d’Archimède de Mehdi Charef. Il s’agit par là même d’interroger l’appellation « cinéma beur » employée pour désigner les cinéastes franco-maghrébins qui émergent dans le sillage de Mehdi Charef. Le cinéma d’Abdellatif Kechiche se situe à la fois en continuité et en rupture avec ce courant. Cette recherche révèle les mécanismes artistiques à l’œuvre dans ses films et permet d’initier une réflexion sur la singularité de son écriture, ainsi que sur l’avènement d’une cinématographie qui interroge le cinéma français sur sa capacité à recomposer la réalité dans sa dimension actuelle et polymorphe. === The objective of this research is to trace the evolution of the cinematographic representation of the Maghrebi population in France, and to put into perspective an analysis of Abdellatif Kechiche’s aesthetic and cinematographic processes.The three steps of this analysis cover the decisive points marking this evolution, from the starting point of the “immigrant labourer” as a cinematographic figure, followed by the appropriation of their self-image on screen by first-generation Franco-Maghrebi youth and finishing with Abdellatif Kechiche’s cinema as a syncretism of this movement.An aesthetic analysis of a selection of films allows us to grasp the specificity of this movement, which began in the 1970s and asserted itself in the 1980s with the release of Mehdi Charef’s “Tea in the Harem” (“Le Thé au harem d’Archimède”). This allows us to question the notion of “Beur Cinema”, which was used to describe the Franco-Maghrebi directors who followed in Mehdi Charef’s footsteps. The cinema of Abdellatif Kechiche is both a continuation of, and a departure from this movement. This research highlights the artistic mechanisms at work in his oeuvre and initiates a reflection on the singularity of his writing, as well as on the establishment of a cinematography that questions French cinema in terms of its ability to recompose reality in its current and polymorphous dimension.
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