Summary: | Quels sont les « savoirs ancestraux » des « peuples et nations indigènes » reconnus par la Constitution adoptée par l'Équateur en 1998? L’étude ethnographique d’une communauté kayambi permet de mieux comprendre comment la dynamique des mutations à l’œuvre dans cette société porte et est portée par la parole mythique et rituelle. Elle montre comment, d’années en années, à la fin juin, les rituels associés à la fête de San Pedro se perpétuent en dépit des changements qui affectent les conditions de vie des Kayambi et pourquoi l’Aya-Uma, figure centrale de ces rituels et synthèse de l'histoire de l'imaginaire kayambi, n'est pas qu'une figure du patrimoine. La parole mythique recueillie auprès des Kayambi lors de très nombreux entretiens a permis de reconstituer un système associant aussi bien les thèmes introduits par l’évangélisation que ceux de l’univers aquatique des Apus ou les éléments de la faune et de la flore. Cette parole ambivalente s’est révélée peuplée de figures elles-mêmes ambivalentes telles que la Chificha, le Condor, Sanson, ou le Chisilongo.Lorsque les Kayambi disent leurs mythes et performent leurs rites ils produisent, pour leur propre communauté, l’expression de leur réalité du moment. Ce faisant ils interprètent leur propre histoire en tant que groupe social communautaire et, parce qu’ils sont en contact avec lui, celle du groupe social plus large que constitue l’Equateur. Les institutions kayambi, à la fois héritage des contraintes coloniales et éléments, constamment réinventés, de l’organisation sociale, constituent un ensemble dont chaque composante ne peut fonctionner isolément.Les paroles mythiques et rituelles des Kayambi portent un ensemble de savoirs correspondant à une médiation sociopolitique collective dont les actes ne se réduisent pas aux moments rituels mais s’étendent à l’ensemble des relations. La préservation de ces savoirs, condition de survie du système social kayambi, repose sur la faculté de transmettre les récits mythiques et d’accomplir les rites. === What are the "traditional knowledge" of the "indigenous peoples and nations" recognized by the 1998 Ecuador Constitution?The ethnographic study of a Kayambi community allows to understand how the dynamics of the changes is carried through mythical and ritual speech. Year after year, in late June, the rituals associated with the festival of San Pedro are perpetuated despite changes that affect the lives and situation of the Kayambi and why Aya-Uma, the central figure of these rituals and a representational synthesis of the history of the Kayambi, and not only a simple patrimonial figure.Mythical speech collected from Kayambi during interviews lends to the reconstruction of a complexe system combining themes introduced by evangelization and the underwater world of the Apus, or elements of fauna and flora. This ambivalent speech is populated by ambivalent figures such as Chificha, Condor, Sanson or Chisilongo.When Kayambi speak their myths and perform their rites they express the reality of the moment for their own community. In so doing they interpret not only their own history, as a social group but the wider social group they are in contact with, that is the nation of Ecuador itself. The Kayambi institutions, both legacy of the colonial coercive order and restructuring elements, constantly reinvent kayambi social organization as a set. They cannot be considered in isolation.Mythical and ritual expressionss should be considered as complementary knowledges acting as a socio-political mediation. Their acts are not confined to ritual moments but extend to all social relations. Thus the preservation of this knowledge is a survival condition of Kayambi social system.
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