Une terre d’asile sans réfugiés : une socio-histoire du dispositif d’asile israélien
La création de l’État d’Israël est imbriquée dans l’histoire de deux des plus grandes populations de réfugiés de l’époque : des juifs venus s’installer en Israël et des Palestiniens contraints de fuir le territoire. Pourtant, la centralité de ces deux figures a empêché la création de la catégorie de...
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ndltd-theses.fr-2017IEPP00312018-05-05T04:16:41Z Une terre d’asile sans réfugiés : une socio-histoire du dispositif d’asile israélien A refuge-state without refugees : a social history of the Israeli asylum system Réfugiés Israël Palestine Gouvernementalité Catégorisation Refugees Israel Palestine Governmentality Categorization 325.1 La création de l’État d’Israël est imbriquée dans l’histoire de deux des plus grandes populations de réfugiés de l’époque : des juifs venus s’installer en Israël et des Palestiniens contraints de fuir le territoire. Pourtant, la centralité de ces deux figures a empêché la création de la catégorie de réfugié en Israël. Depuis les années 1970 et surtout depuis la seconde moitié des années 2000, des groupes et individus cherchant asile en Israël se confrontent à un dispositif qui évite de reconnaître des réfugiés. Ce dispositif a été institutionnalisé dans la dernière décennie sans pour autant résoudre le paradoxe d’une terre d’asile sans réfugiés. A partir d’un travail de recherche empirique fondé sur des entretiens avec des acteurs impliqués dans l’établissement du dispositif d’asile et sur une lecture critique de documents officiels, je retrace la socio-histoire de ce dispositif en analysant les modalités de catégorisation, le gouvernement des circulations et les redéploiements de la sphère institutionnelle. Le gouvernement des migrants en quête d’asile s’inscrit certes dans des processus globaux de restriction de l’asile et de diffusion de politiques antimigratoires. Mais il fait aussi partie d’une histoire nationale qui permet l’établissement d’un dispositif répressif ciblant majoritairement les Érythréens et les Soudanais, les qualifiant d’« infiltrés », à l’instar des Arabes qui s’introduisaient sur le territoire devenu israélien dans les années qui ont suivi l’établissement de l’État. Ce dispositif dit l’histoire non linéaire et la construction toujours en cours de l’État et des assemblages contemporains de souveraineté, nationalisme et néolibéralisme. The establishment of the state of Israel is entangled in the stories of two of the largest populations of refugees of its time: Jews who immigrated to Israel and Palestinians forced to leave the same territory during the war. Yet, these two stories prevented the creation of a social and juridical category of refugee in that country. Since the late 1970 and more explicitly, since the mid-2000s, groups and individuals seeking refuge and claiming asylum in Israel encounter a system that avoids recognizing refugees. This system has been formalized and institutionalized during the last decade, keeping its profoundly paradoxical nature, characteristic of a refuge-state without refugees. Drawing on interviews with actors of the Israeli asylum system and on a critical reading of official documents, I outline the social history of the Israeli asylum system. My main argument is that in Israel, the question of governing migrants seeking refuge draws both on global processes of asylum restriction and anti-immigration policies and technologies, and on a long national history, a history of inclusionary and exclusionary dynamics that accompany the creation of the Israeli state. This history resurfaces with the establishment of a repressive system targeting migrants seeking refuge, mostly Eritrean and Sudanese, as “infiltrators”, a term created in order to exclude Arabs who entered the territory of the newly founded state in its first years and to prevent the return of Palestinian refugees. In that sense, studying the Israeli asylum system reveals the non-linear and continuous statecraft, and the contemporary assemblages of sovereignty, nationalism and neo-liberalism. Electronic Thesis or Dissertation Text fr http://www.theses.fr/2017IEPP0031 Havkin, Shira 2017-11-10 Paris, Institut d'études politiques Hibou, Béatrice |
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La création de l’État d’Israël est imbriquée dans l’histoire de deux des plus grandes populations de réfugiés de l’époque : des juifs venus s’installer en Israël et des Palestiniens contraints de fuir le territoire. Pourtant, la centralité de ces deux figures a empêché la création de la catégorie de réfugié en Israël. Depuis les années 1970 et surtout depuis la seconde moitié des années 2000, des groupes et individus cherchant asile en Israël se confrontent à un dispositif qui évite de reconnaître des réfugiés. Ce dispositif a été institutionnalisé dans la dernière décennie sans pour autant résoudre le paradoxe d’une terre d’asile sans réfugiés. A partir d’un travail de recherche empirique fondé sur des entretiens avec des acteurs impliqués dans l’établissement du dispositif d’asile et sur une lecture critique de documents officiels, je retrace la socio-histoire de ce dispositif en analysant les modalités de catégorisation, le gouvernement des circulations et les redéploiements de la sphère institutionnelle. Le gouvernement des migrants en quête d’asile s’inscrit certes dans des processus globaux de restriction de l’asile et de diffusion de politiques antimigratoires. Mais il fait aussi partie d’une histoire nationale qui permet l’établissement d’un dispositif répressif ciblant majoritairement les Érythréens et les Soudanais, les qualifiant d’« infiltrés », à l’instar des Arabes qui s’introduisaient sur le territoire devenu israélien dans les années qui ont suivi l’établissement de l’État. Ce dispositif dit l’histoire non linéaire et la construction toujours en cours de l’État et des assemblages contemporains de souveraineté, nationalisme et néolibéralisme. === The establishment of the state of Israel is entangled in the stories of two of the largest populations of refugees of its time: Jews who immigrated to Israel and Palestinians forced to leave the same territory during the war. Yet, these two stories prevented the creation of a social and juridical category of refugee in that country. Since the late 1970 and more explicitly, since the mid-2000s, groups and individuals seeking refuge and claiming asylum in Israel encounter a system that avoids recognizing refugees. This system has been formalized and institutionalized during the last decade, keeping its profoundly paradoxical nature, characteristic of a refuge-state without refugees. Drawing on interviews with actors of the Israeli asylum system and on a critical reading of official documents, I outline the social history of the Israeli asylum system. My main argument is that in Israel, the question of governing migrants seeking refuge draws both on global processes of asylum restriction and anti-immigration policies and technologies, and on a long national history, a history of inclusionary and exclusionary dynamics that accompany the creation of the Israeli state. This history resurfaces with the establishment of a repressive system targeting migrants seeking refuge, mostly Eritrean and Sudanese, as “infiltrators”, a term created in order to exclude Arabs who entered the territory of the newly founded state in its first years and to prevent the return of Palestinian refugees. In that sense, studying the Israeli asylum system reveals the non-linear and continuous statecraft, and the contemporary assemblages of sovereignty, nationalism and neo-liberalism. |
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