Summary: | Le statu-quo de la mémoire nationale à Taiwan : les dynamiques antagonistes de mise en récits de l’expérience autoritaireresume :Cette thèse a comme origine l’apparente contradiction des politiques de la mémoire dédiées au régime de parti unique mis en place par le Parti nationaliste chinois (KMT) en 1945. Colonie japonaise depuis 1895, Taiwan passe alors sous le contrôle de la République de Chine au lendemain de la Seconde guerre mondiale. L’île sert de refuge aux nationalistes chinois en 1949, lorsqu’est actée la victoire des troupes maoïstes suite à la reprise de la guerre civile chinoise après 1945. En exil, le KMT, refusant de reconnaître sa défaite, gouverne Taiwan à travers un régime pensé pour représenter symboliquement toute la Chine. Les politiques identitaires et mémorielles d’alors valorisent uniquement les expériences historiques d’une communauté minoritaire au sein de la population taiwanaise, celle des insulaires venus de Chine à Taiwan avec le KMT entre 1945 et 1950. Cette fiction politique prend fin avec la démocratisation. Débutant en 1987, celle-ci voit l’affirmation d’un nouveau paradigme identitaire articulé autour des spécificités de Taiwan et son multiculturalisme, la Chine n’étant plus le référent central. Les victimes de la répression policière de l’ère autoritaire sont peu à peu reconnues. S’il perd rapidement sa prééminence, l’ancien récit officiel ne disparaît pas pour autant, une fraction de la population insulaire continuant de se reconnaître en une partie des représentations qui y sont inscrites. De même, le KMT, qui reste un des acteurs dominants la scène politique taiwanaise après la démocratisation, se refuse à tout véritable retour critique sur sa propre histoire pour éviter de mettre en danger sa propre légitimité. Plutôt que marquer une rupture nette avec l’ère autoritaire, les politiques de la mémoire post-1987 aboutissent à l’institutionnalisation de dispositifs reconnaissant les victimes de la dictature et d’autres à la gloire des anciens dirigeants, que ce soit Chiang Kai-shek ou son fils Chiang Ching-kuo. En adoptant une démarche relevant de la sociologie de la mémoire, notre recherche a pour but d’analyser les dynamiques soutenant la mise en place de nouveaux récits publics sur la période autoritaire après la démocratisation. L’objet de notre travail est d’expliquer les principales luttes mémorielles actuelles engageant la place qu’occuperait dans l’histoire taiwanaise le régime autoritaire du KMT, ce tout en interrogeant la notion de mémoire nationale. === The key focus of this thesis is the exploration of the contradictory nature of the politics of memory dedicated to the Party-State system implemented by the Chinese Nationalist party (KMT) in 1945.In the aftermath of World War II, Taiwan – a Japanese colony since 1895 – sees its sovereignty transferred to the Republic of China.The country becomes the home to Chinese nationalist refugees and the last stronghold of the Kuomintang (KMT), after the party’s defeat against the communist forces during the Chinese civil war of 1949. Refusing to recognize its demise, the KMT rules Taiwan through a regime conceived to, symbolically, represent China in its entirety. During this period, the politics of memory and identity take into account the experiences of a minority within the Taiwanese community only – those of the Chinese population that came to Taiwan with the KMT between 1945 and 1950. This ends with the democratization of Taiwan in 1987. From this point onwards, China is no longer the central point of reference; a new identity paradigm arises, articulated around the specificities of Taiwan, and its multiculturalism.While the old official discourse quickly loses its prominence in modern day Taiwan, it doesn’t disappear completely, with a portion of the population still identifying itself with the old KMT narrative. Likewise, the KMT remains one of the key players on the Taiwanese political scene; the party never took an overly critical stance on its own history as it undermines its own legitimacy. Instead of breaking from the authoritarian era, the post 1987 politics of memories result in the contradicting recognition of both the victims of the dictatorship and the glory of the oldr ulers, Chiang Kai-shek and his son ChiangChing-kuo. Through following a sociology of memory approach, this research aims at analysing the dynamics behind the development of the new post-democratisation public narratives. This study investigates the current opposing takes on national memory, looking at the place the KMT’s authoritarian regime occupies in the Taiwanese history, while also redefining the concept of national memory.
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