Des subjectivités homosexuelles à l’époque soviétique tardive : entre solidarités et culture du soupçon

Des femmes et des hommes ayant vécu un désir homosexuel à l’époque soviétique tardive (1960-1985) articulent un discours sur soi marqué par un ethos soviétique du secret. Sans être totale, l’atomisation stalinienne des sociétés soviétiques a empêché la formation d’identités et de communautés homosex...

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Main Author: Clech, Arthur
Other Authors: Paris Sciences et Lettres
Language:fr
Published: 2018
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Clech, Arthur
Des subjectivités homosexuelles à l’époque soviétique tardive : entre solidarités et culture du soupçon
description Des femmes et des hommes ayant vécu un désir homosexuel à l’époque soviétique tardive (1960-1985) articulent un discours sur soi marqué par un ethos soviétique du secret. Sans être totale, l’atomisation stalinienne des sociétés soviétiques a empêché la formation d’identités et de communautés homosexuelles. Il est dès lors essentiel de prendre la mesure de la rareté du discours disponible sur l’(homo)sexualité pour saisir la singularité des rapports à soi que l'on peut entretenir lorsqu'on vit un désir homosexuel à l’époque soviétique tardive. Des subjectivités homosexuelles existent face à l’opprobre, mais elles n'intériorisent pas nécessairement de sentiment de honte. À un régime général de non-savoir inauguré par le stalinisme, répond un discours sur soi au sein duquel des femmes et des hommes se constituent comme sujet·te·s de leur désir homosexuel, s’affrontant à une pathologisation et une criminalisation communes dont ne rendait pas compte la déclinaison genrée induite par un discours médico-légal méconnu. Des textes de discours sur soi énonçant un « je » ou un « nous » homosexuel, des ego documents, le manifeste d’Evgueni Kharitonov, mais surtout des entretiens en Russie et en Géorgie attestent d’un commun, dans l’humour, le langage et les solidarités partagées, en butte à l’héritage stalinien d’une culture du soupçon, à une différenciation sociale accrue à cette période et à de fortes assignations genrées. Ces subjectivités puisent dans une identité supranationale soviétique pour se dire, tout en se positionnant vis-à-vis de modèles nationaux, autour par exemple de la question juive. === The concern here is with how women and men who lived and expressed their homosexual desire during the late Soviet period (1960-1985) articulated a discourse on self marked by a Soviet ethos of secrecy. The Stalinist atomization of Soviet societies, without being total, prevented the formation of homosexual communities and identities. If we are to grasp the singular character of relations to self which gave expression to homosexual desire and experience during the late Soviet period, we must therefore take full measure of the rarity of discourses available on (homo)sexuality. Homosexual subjectivities within the Soviet context existed in the face of opprobrium without necessarily internalizing the feeling of shame which such opprobrium might occasion. In response to a general regime of non-knowledge inaugurated by Stalinism, a discourse on self emerged through which women and men constituted themselves as subjects of their homosexual desire. They confronted a common pathologization and criminalization, a fact not registered by the gendered declination of subjectivities as the product of a legal-medical discourse which is itself poorly recognized. Texts expressing a discourse on self relating to a homosexual ‘I’ or ‘we’, ego documents, the manifesto of Evgueni Kharitonov and, above all, interviews conducted in Russia and Georgia attest to shared resources of humour, language and a background of solidarity formed in reaction to and against the Stalinist heritage of suspicion, the heightened social differentiation of the period and strong gender assignations. These subjectivities draw upon a supranational Soviet identity, while also positioning themselves in relation to national models, when addressing, for example, the ‘Jewish question’.
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