L’institution de l’expertise. : Une analyse des déterminants, des usages politiques et de la crédibilité scientifique de l’expertise, à partir du cas des expertises collectives INSERM et INRA.

L’expertise scientifique joue un rôle croissant dans la fabrique du politique dans les démocraties. Elle contribue à façonner et orienter les problèmes publics et leurs solutions, de façon relativement autonome par rapport à l’élection des décideurs. Ce rôle est justifié par la complexité grandissan...

Full description

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Main Author: Caby, Vincent
Other Authors: Bordeaux
Language:fr
Published: 2019
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320
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Caby, Vincent
L’institution de l’expertise. : Une analyse des déterminants, des usages politiques et de la crédibilité scientifique de l’expertise, à partir du cas des expertises collectives INSERM et INRA.
description L’expertise scientifique joue un rôle croissant dans la fabrique du politique dans les démocraties. Elle contribue à façonner et orienter les problèmes publics et leurs solutions, de façon relativement autonome par rapport à l’élection des décideurs. Ce rôle est justifié par la complexité grandissante des problèmes et solutions dans les sociétés techniques. Dans cette thèse, nous investiguons les fonctions de l’expertise scientifique jugée crédible par les décideurs. A contrario des prétentions universalistes de la Knowledge Literature et de l’Evidence-Based Policy, nous construisons une théorie de moyenne portée des usages spécifiques, d’une forme d’expertise particulière, dans un contexte donné. Un tel triptyque permet de réconcilier deux approches contradictoires de l’usage de l’expertise. L’une « externaliste » promue par l’analyse des politiques publiques explique son utilisation par le contexte. L’autre « internaliste » défendue par une variété de courants, la justifie par les caractéristiques propres de l’expertise. Pour ce faire, nous investiguons l’utilisation que font en France dans les années 2000 les ministères de la santé et de l’agriculture des expertises collectives INSERM et INRA – méthode d’expertise proche des revues systématiques de la littérature. Dans cette perspective, nous objectivons successivement : les critères d’appréciation des expertises collectives tels qu’utilisés par les décideurs, les types d’usages qu’ils attendent et font de ces expertises, les contextes dans lesquels ils les mobilisent. Notre investigation est aussi l’occasion de clarifier les indicateurs des types d’usage en même temps que les facteurs contextuels les favorisant. Nous mettons en lumière les effets d’autorité et de vérité des expertises collectives sur les acteurs du débat public et de cadrage sur les problèmes publics et leurs solutions. Nous rendons aussi compte de la façon dont l’expertise gagne sa crédibilité scientifique (et son producteur une légitimité scientifique ou réputation) auprès des décideurs. Croisant les travaux de la sociologie des sciences, et des études de la communication, nous établissons que la crédibilité de l’expertise dépend de la conjugaison d’investissements de forme et de fond. Nous montrons que ces dispositifs rhétoriques et pratiques ne sont pas librement accessibles mais exigent des connaissances et compétences particulières. Renouant avec la sociologie de l’expertise, nous constatons que la nature et la réputation de la méthode et des instituts sont le produit d’une histoire longue dans laquelle les chercheurs – leurs positions et représentations, leurs réflexions, actions et interactions – jouent un rôle clef. Sur un plan empirique, notre thèse constitue une des pièces du puzzle de l’émergence des expertises collectives et revues systématiques de littérature en France au cours des vingt dernières années.D’un point de vue méthodologique, notre thèse mobilise une variété de méthodes : qualitative (entretiens individuels, observations ethnographiques, travail d’archive, études de cas) et quantitative (statistiques descriptives, analyse de correspondances multiples et classification hiérarchique ascendante). === Scientific expertise plays a growing role in the policymaking process in democracies. It shapes public problems and their solutions relatively autonomously from the election process. This role is explained by the increasing complexity of problems and solutions in technical societies.In this thesis, we investigate the function of scientific expertise that is deemed credible by policymakers. Unlike scholars in the Knowledge Literature and the Evidence-Based Policy movement, we do not intend to express universalist claims. Instead, we build a middle range theory: one of a type of use of a specific kind of expertise within a particular context. This triptych (type of use-type of expertise-type of context) permits us to reconcile two contradictory approaches of the use of expertise: one “externalist” explains the type of use of expertise by the particular context in which it is used, another “internalist” explains the type of the use by the intrinsic qualities of the specific kind of expertise.In order to do this, we investigate how policymakers within the French ministries for Health and Agriculture use INSERM and INRA collective expertise – an expertise method close to systematic literature reviews.We successively display: the specific criteria policymakers use to assess the credibility of expertise, their intended and effective use of such knowledge, the context in which they order an experts’ report. Our investigation allows us to test and organize a set of indicators and contextual factors of the type of use.We demonstrate that these INSERM and INRA collective expertise appear as an authoritarian and truthful discourse to actors involved in the public debate. They frame public problems and their solutions.We also explain how expertise gains its scientific credibility in the eyes of policymakers. On the basis of recent works in the fields of science and technology studies and communication studies fields, we establish that the credibility of INSERM and INRA collective expertise derives from the implementation of rhetorical and practical devices in their production. We show that such devices are not ready-to-use: their implementation requires a set of knowledge and know-how.We also demonstrate that the very nature and reputation of the expertise and its producers are the result of a long process in which researchers play a key role: their career, position, representation, thoughts, actions and interactions.This thesis constitutes a missing piece in the systematic exploration of the growth of collective expertise and systematic literature reviews in France in the last twenty years.It is based on a variety of qualitative methods (interviews, observations, archive, case studies) as well as quantitative methods (statistics descriptive, factor analysis, hierarchical cluster analysis).
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Dans cette thèse, nous investiguons les fonctions de l’expertise scientifique jugée crédible par les décideurs. A contrario des prétentions universalistes de la Knowledge Literature et de l’Evidence-Based Policy, nous construisons une théorie de moyenne portée des usages spécifiques, d’une forme d’expertise particulière, dans un contexte donné. Un tel triptyque permet de réconcilier deux approches contradictoires de l’usage de l’expertise. L’une « externaliste » promue par l’analyse des politiques publiques explique son utilisation par le contexte. L’autre « internaliste » défendue par une variété de courants, la justifie par les caractéristiques propres de l’expertise. Pour ce faire, nous investiguons l’utilisation que font en France dans les années 2000 les ministères de la santé et de l’agriculture des expertises collectives INSERM et INRA – méthode d’expertise proche des revues systématiques de la littérature. Dans cette perspective, nous objectivons successivement : les critères d’appréciation des expertises collectives tels qu’utilisés par les décideurs, les types d’usages qu’ils attendent et font de ces expertises, les contextes dans lesquels ils les mobilisent. Notre investigation est aussi l’occasion de clarifier les indicateurs des types d’usage en même temps que les facteurs contextuels les favorisant. Nous mettons en lumière les effets d’autorité et de vérité des expertises collectives sur les acteurs du débat public et de cadrage sur les problèmes publics et leurs solutions. Nous rendons aussi compte de la façon dont l’expertise gagne sa crédibilité scientifique (et son producteur une légitimité scientifique ou réputation) auprès des décideurs. Croisant les travaux de la sociologie des sciences, et des études de la communication, nous établissons que la crédibilité de l’expertise dépend de la conjugaison d’investissements de forme et de fond. Nous montrons que ces dispositifs rhétoriques et pratiques ne sont pas librement accessibles mais exigent des connaissances et compétences particulières. Renouant avec la sociologie de l’expertise, nous constatons que la nature et la réputation de la méthode et des instituts sont le produit d’une histoire longue dans laquelle les chercheurs – leurs positions et représentations, leurs réflexions, actions et interactions – jouent un rôle clef. Sur un plan empirique, notre thèse constitue une des pièces du puzzle de l’émergence des expertises collectives et revues systématiques de littérature en France au cours des vingt dernières années.D’un point de vue méthodologique, notre thèse mobilise une variété de méthodes : qualitative (entretiens individuels, observations ethnographiques, travail d’archive, études de cas) et quantitative (statistiques descriptives, analyse de correspondances multiples et classification hiérarchique ascendante). Scientific expertise plays a growing role in the policymaking process in democracies. It shapes public problems and their solutions relatively autonomously from the election process. This role is explained by the increasing complexity of problems and solutions in technical societies.In this thesis, we investigate the function of scientific expertise that is deemed credible by policymakers. Unlike scholars in the Knowledge Literature and the Evidence-Based Policy movement, we do not intend to express universalist claims. Instead, we build a middle range theory: one of a type of use of a specific kind of expertise within a particular context. This triptych (type of use-type of expertise-type of context) permits us to reconcile two contradictory approaches of the use of expertise: one “externalist” explains the type of use of expertise by the particular context in which it is used, another “internalist” explains the type of the use by the intrinsic qualities of the specific kind of expertise.In order to do this, we investigate how policymakers within the French ministries for Health and Agriculture use INSERM and INRA collective expertise – an expertise method close to systematic literature reviews.We successively display: the specific criteria policymakers use to assess the credibility of expertise, their intended and effective use of such knowledge, the context in which they order an experts’ report. Our investigation allows us to test and organize a set of indicators and contextual factors of the type of use.We demonstrate that these INSERM and INRA collective expertise appear as an authoritarian and truthful discourse to actors involved in the public debate. They frame public problems and their solutions.We also explain how expertise gains its scientific credibility in the eyes of policymakers. On the basis of recent works in the fields of science and technology studies and communication studies fields, we establish that the credibility of INSERM and INRA collective expertise derives from the implementation of rhetorical and practical devices in their production. We show that such devices are not ready-to-use: their implementation requires a set of knowledge and know-how.We also demonstrate that the very nature and reputation of the expertise and its producers are the result of a long process in which researchers play a key role: their career, position, representation, thoughts, actions and interactions.This thesis constitutes a missing piece in the systematic exploration of the growth of collective expertise and systematic literature reviews in France in the last twenty years.It is based on a variety of qualitative methods (interviews, observations, archive, case studies) as well as quantitative methods (statistics descriptive, factor analysis, hierarchical cluster analysis). Electronic Thesis or Dissertation Text fr http://www.theses.fr/2019BORD0007 Caby, Vincent 2019-01-14 Bordeaux Roger, Antoine