Récits de croisade et digression : la conquête de Constantinople de Robert de Clari

Partant de la réputation naïve, colorée et digressive de La Conquête de Constantinople de Robert de Clari, ce mémoire propose une analyse méthodique de ce récit en prose vernaculaire de la quatrième croisade de façon à en circonscrire les moments de continuité et de rupture. En fonction de plusieurs...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Plante, Stephanie
Other Authors: Giannini, Gabriele
Language:fr
Published: 2016
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/1866/16124
Description
Summary:Partant de la réputation naïve, colorée et digressive de La Conquête de Constantinople de Robert de Clari, ce mémoire propose une analyse méthodique de ce récit en prose vernaculaire de la quatrième croisade de façon à en circonscrire les moments de continuité et de rupture. En fonction de plusieurs facteurs, dont leurs formules d’introduction et de clôture, leur rapport au temps de la croisade, leur longueur relative ainsi que leur positionnement dans l’économie globale du texte, les épisodes divergents sont identifiés puis analysés en travaillant lestement avec trois caractéristiques fondamentales de la digression plutôt qu’avec une définition nucléaire du concept, ce qui permet de discerner des degrés de digressif et d’offrir un panorama nuancé de l’oeuvre. Afin d’adopter un regard plus large sur le phénomène de la digression, quatre autres récits de croisade sont étudiés, et tous, qu’ils soient écrits en prose ou en vers, en français ou en latin, sont à leur façon coupables de s’être laissés emporter par leur sujet dans des excursus qui trahissent la personnalité et les convictions de leur auteur. Tout comme Clari, Villehardouin, l’auteur de l’Estoire de la guerre sainte, Eudes de Deuil et Albert d’Aix laissent entrevoir leur propre histoire lorsque celle qu’ils mettent à l’écrit s’égare de la droite voie de sa narration. Les digressions contenues dans les récits de croisade constituent ainsi une fenêtre privilégiée sur l’histoire des mentalités du Moyen Âge central, une mine d’informations qui ne peut être adéquatement exploitée que par les efforts conjoints de l’histoire et de la littérature. === Taking the naïve, colorful and digressive reputation of Robert de Clari’s La Conquête de Constantinople as a starting point, this master’s thesis presents a methodical study of this vernacular prose account of the Fourth Crusade in order to determine where the narration flows and where it breaks. Divergent episodes are identified with respect to their introductory and closing formulas, their relationship to the time of the crusade, their relative length as well as their positioning in the general arrangement of the text. Based on a loose understanding of three characteristics that are fundamental to digression as opposed to an univocal definition of the concept, they are then analysed in terms of degrees of digressiveness, thus offering a nuanced picture of the work. To allow a broader outlook on the phenomenon of digression, four more crusade narratives are studied, and all of them, whether written in French or in Latin, in prose or in verse, are guilty of getting carried away by their subject in excursus that betray their author’s interests and personality. Just like Robert, Villehardouin, the author of the Estoire de la guerre sainte, Odo of Deuil and Albert of Aachen all let their own story supersede the one they are writing in those moments where the narration goes astray. The digressions found in crusade narratives are thus privileged access points to the history of high-medieval mentalities, a fertile field whose fruits must be harvested by the joint efforts of both history and literature.