Prévalence, déterminants et dynamique des arrangements de temps parental postséparation chez les enfants québécois nés à la fin des années 1990

Puisque de plus en plus d’enfants sont exposés à la séparation de leurs parents, plusieurs d’entre eux doivent partager leur temps entre les logements et la supervision de leur mère et leur père. Qu’on nomme cette réalité « garde », « résidence » ou « temps parental », elle complique grandement la d...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Pelletier, David
Other Authors: Lardoux, Solène
Language:fr
Published: 2017
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/1866/19529
Description
Summary:Puisque de plus en plus d’enfants sont exposés à la séparation de leurs parents, plusieurs d’entre eux doivent partager leur temps entre les logements et la supervision de leur mère et leur père. Qu’on nomme cette réalité « garde », « résidence » ou « temps parental », elle complique grandement la description et la mesure des structures familiales dans lesquelles évoluent les enfants. Dans ce contexte, la thèse comporte deux objectifs principaux. Le premier consiste à préciser l’évolution historique des différents concepts légaux et sociologiques en jeu et à montrer comment le flou terminologique entourant la garde entraîne des problèmes lors de la mesure des arrangements résidentiels des enfants. Pour exposer la problématique, je tente de déterminer la prévalence de la double résidence égalitaire en faisant une évaluation critique des sources de données disponibles au Québec et au Canada. En fin de compte, en raison des lacunes de ces diverses sources et de leurs résultats parfois divergents, il s’avère pratiquement impossible de répondre à la question : « Combien d’enfants vivent en garde partagée (ou en double résidence) ? ». Le second objectif, qui occupe la majeure partie de la thèse, vise à illustrer le caractère dynamique des arrangements de temps parental, un aspect souvent ignoré dans la littérature scientifique. À partir des données des treize premiers passages de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ÉLDEQ) (n=2120), je distingue quatre arrangements de temps parental postséparation : 1) la résidence maternelle (avec peu ou pas de contacts père-enfant) ; 2) la résidence maternelle (avec contacts père-enfant réguliers) ; 3) la double résidence ; 4) la résidence paternelle. En ordonnant les informations disponibles à différents points dans le temps pour un même enfant, j’ai pu reconstituer des trajectoires de temps parental complètes. Les analyses réalisées sur ces trajectoires sont rapportées dans deux articles. Je m’intéresse, dans le premier article, aux caractéristiques familiales liées à l’établissement d’un arrangement donné au moment de la séparation ainsi qu’à la durée de cet arrangement. J’y montre par exemple que la part du temps parental assumée par le père au moment de la séparation est positivement associée au niveau de scolarité des parents, au travail à temps plein des mères et au sentiment de plaisir parental des pères. On y constate aussi que les arrangements initiaux ne sont pas tous aussi durables les uns que les autres. Même si les facteurs associés à cette durée sont plus difficiles à discerner, le niveau de scolarité des parents semble être important dans le processus. Dans le second article, je construis des tables de survie multiétats afin de résumer les trajectoires de temps parental de la perspective d’un enfant « moyen ». Je cherche entre autres à déterminer combien de temps les enfants passent dans chacun des quatre arrangements définis plus tôt et à identifier les facteurs sociodémographiques associés à cette répartition. J’y conclus que le temps passé en double résidence par un enfant moyen est faible, mais qu’il augmente avec le niveau de scolarité des deux parents. La double résidence est cependant une composante centrale de la paternité postrupture. Malgré une grande fluidité dans les trajectoires de temps parental, l’arrangement établi au moment de la séparation demeure un bon prédicteur de l’expérience parentale ultérieure. Les enfants initialement en double résidence, par exemple, perdent rarement contact avec leur père au cours des cinq années qui suivent la séparation, et ce, même si plusieurs d’entre eux finiront par habiter principalement avec leur mère. === As more children are exposed to the separation of their parents, many of them have to share their time between the homes and the supervision of their mother and father. Whether this reality is referred to as “custody”, “residence” or “parenting time”, it greatly complicates the description and measurement of the family structures in which children evolve. In this context, the thesis has two main objectives. The first is to clarify the historical evolution of the various legal and sociological concepts involved and to show how the terminological confusion surrounding child custody raises problems when trying to measure children’s living arrangements. In particular, I try to determine the prevalence of egalitarian dual residence by critically assessing the various data sources available in Quebec and Canada. In the end, because of the shortcomings of these various sources and their sometimes divergent results, it is virtually impossible to answer the question: “How many children live in shared physical custody (or dual residence) ?” The second objective, which comprises most of the thesis, aims to illustrate the dynamic nature of parenting-time arrangements, an element often overlooked in the scientific literature. With data from the first thirteen waves of the Quebec Longitudinal Study of Child Development (QLSCD) (n = 2120), I distinguish four postseparation parenting-time arrangements: 1) mother residence (with little or no father-child contact); 2) mother residence (with regular father-child contact); 3) dual residence; 4) father residence. By ordering the information available at different time points for each child, I was able to reconstruct complete parenting-time trajectories. The analyzes carried out on these trajectories are reported in two articles. In the first article, I look at family characteristics related to the establishment of specific arrangements at separation and at the duration of this arrangement. For instance, I show that the share of parenting time assumed by fathers following separation is positively associated with parents’ education level, mothers’ full-time employment and father’s feeling of parental enjoyment. The article also shows that initial arrangements are not all as durable as each other. Although the factors associated with this duration are difficult to identify, the parents’ level of education appears to be play an important role. In the last article, I build multistate life tables in order to summarize parenting-time trajectories from the perspective of an average child. I try to determine, inter alia, how much time children spend in each of the four arrangements defined earlier and what sociodemographic factors are associated with this distribution of time. I show that time spent in dual residence by an average child is low, but that it increases with the education level of both parents. Dual residence is, however, a central component of postseparation fatherhood. Despite great fluidity in parenting-time trajectories, arrangements established at separation remain good predictors of the subsequent parenting experience. Children initially in dual residence, for instance, seldom lose contact with their father during the first five years following separation even if many of them eventually end up living mainly with their mother.