Summary: | Peut-on parfois être blâmé pour ses croyances ? Selon les partisans du déontologisme épistémique, la pratique ordinaire consistant à blâmer et critiquer les gens pour leurs croyances est tout à fait légitime. Toutefois, d’autres philosophes soutiennent que malgré son omniprésence dans la vie de tous les jours, le blâme doxastique n’est jamais approprié. En effet, selon l’argument à partir de l’involontarisme doxastique, nous ne pouvons jamais être blâmés pour nos croyances puisque (1) nous pouvons être blâmés pour une croyance seulement si elle est sous notre contrôle volontaire et (2) nos croyances ne sont jamais sous notre contrôle volontaire.
Le but de ce mémoire est de déterminer si les déontologistes peuvent répondre de manière convaincante à cet argument. Autrement dit, pouvons-nous parfois être blâmés pour nos croyances malgré ce qu’en disent les anti-déontologistes, ou faut-il leur donner raison et rejeter la pratique du blâme doxastique ?
Pour répondre à cette question, je commence par clarifier l’argument anti-déontologiste en précisant la teneur de sa thèse centrale : l’involontarisme doxastique. Par la suite, je passe en revue différentes stratégies qui ont été proposées par des représentants du déontologisme pour défendre le blâme doxastique contre cet argument. Devant l’échec de ces réponses, je suggère une défense alternative du déontologisme selon laquelle l’involontarisme doxastique n’est pas incompatible avec le blâme doxastique. Si cette réponse est concluante, alors nous n’avons pas à donner raison aux anti-déontologistes : nous pouvons parfois être blâmés pour nos croyances. === Can we sometimes be blamed for our beliefs ? According to epistemic deontologism, the ordinary practice of blaming and criticizing people for their beliefs is a legitimate one. However, some philosophers argue that despite its pervasiveness in everyday life, doxastic blame is never appropriate. According to the argument from doxastic involuntarism, we can never be blamed for our beliefs since (1) we can be blamed for a belief only if it is under our voluntary control, and (2) our beliefs are never under our voluntary control.
The goal of this thesis is to determine whether deontologists can reply convincingly to this argument. In other words, can we sometimes be blamed for our beliefs despite what anti-deontologists claim, or do we have to accept the argument from doxastic involuntarism and reject the practice of doxastic blame ?
In order to answer that question, I first clarify the anti-deontologist argument by making more precise the nature of its central thesis: doxastic involuntarism. I then review different strategies proposed by deontologists to defend doxastic blame against this argument. Given the failure of these replies, I propose an alternative defense of deontologism according to which doxastic involuntarism is not incompatible with doxastic blame. If this reply is sound, then we do not have to accept the anti-deontologist argument: we can sometimes be blamed for our beliefs.
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