Expérience d'homophobie en milieu scolaire secondaire : les réactions de jeunes victimes lesbiennes

Cette recherche exploratoire aborde la problématique de l’homophobie, plus spécifiquement le vécu de six jeunes femmes lesbiennes ayant été victimes d’actes homophobes lorsqu’elles fréquentaient l’école secondaire. Une synthèse des études conduites au Québec sur l’homophobie permet de conclure à un...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Desbiens Sergerie, Marilyn
Other Authors: Lagueux, Fabienne
Language:French
Published: Université de Sherbrooke 2014
Subjects:
Online Access:http://savoirs.usherbrooke.ca/handle/11143/152
Description
Summary:Cette recherche exploratoire aborde la problématique de l’homophobie, plus spécifiquement le vécu de six jeunes femmes lesbiennes ayant été victimes d’actes homophobes lorsqu’elles fréquentaient l’école secondaire. Une synthèse des études conduites au Québec sur l’homophobie permet de conclure à un manque de connaissances en ce qui a trait aux réactions des victimes d’homophobie. C’est pourquoi cette étude phénoménologique vise à examiner les réactions des participantes (comportements, cognitions, émotions) lors d’incidents homophobes, et les facteurs ayant pu influencer celles-ci (variables contextuelles et personnelles). Les participantes ont participé à une entrevue individuelle semi-structurée, afin de documenter leur expérience subjective, et d’élaborer des récits phénoménologiques. Les résultats démontrent que les participantes ont partagé des expériences comportementales (paralyser, éviter, riposter, rechercher du soutien), cognitives (remettre en question son identité sexuelle, constater un manque de connaissance sur les réalités des minorités sexuelles) et émotives (éprouver un sentiment dépressif, de solitude, de peur, de colère) au travers de leur vécu homophobe. Certains facteurs paraissent également avoir influencé leurs réactions et leur capacité d’intervenir. Au niveau des variables contextuelles, la position de force et de faiblesse entre victimes et agresseurs ainsi que la perception qu’avaient les victimes de pouvoir être soutenues sont au nombre de ces facteurs. Au niveau des variables personnelles, la personnalité de la victime, la consolidation de son identité homosexuelle ainsi que son désir de s’impliquer dans la lutte à l’homophobie ont aussi joué un rôle dans leur manière de réagir à l’homophobie. Il a aussi été possible de mettre en lumière que le vécu des jeunes lesbiennes victimes d’homophobie est différent de celui des jeunes hétérosexuels victimes d’intimidation, entre autres, parce que les participantes de l’étude ont toutes éprouvé des difficultés à consolider leur identité sexuelle en raison des incidents homophobes et parce qu’elles ont eu du mal à rechercher du soutien lorsqu’elles n’avaient pas encore dévoilé leur homosexualité à leur entourage. Enfin, la majorité des participantes de l’étude ont éprouvé de la difficulté à se défendre au début de leur secondaire et à déployer des stratégies de défense efficaces. Cette recherche soulève la pertinence de mieux documenter chacune des étapes du « modèle transactionnel du stress » qui s’opère lorsqu’un individu se sent menacé, comme cela est le cas lors d’un incident homophobe, afin de mieux comprendre quelles sont les ressources des victimes, les stratégies de coping qu’elles déploient et l’impact de leurs actions sur leurs comportements, leurs cognitions et leurs émotions. Il paraît nécessaire que les jeunes de minorité sexuelle soient davantage outillés pour se défendre contre l’homophobie, tout comme ceux qui les entourent (amis, membres du personnel scolaire, parents), afin qu’ils puissent les soutenir dans leurs démarches.